Ladies in Birmanie : Mandalay cité royale et centre artisanal réputé

    Notre itinéraire prévoit 4 jours pour Mandalay et ses environs : une bonne idée pour cette ville et ses environs au passé glorieux. Mandalay fut la  capitale du dernier royaume birman, de 1861 à 1885 où la ville fut prise par les Britanniques. Plusieurs autres villes de la région, inscrites dans notre progamme, furent elles aussi capitales auparavant : Amarapura, Sagaing, Inwa. 

C' est avec Asian Wings que nous quittons Yangon pour Mandalay après une courte escale à Bagan pour déposer des touristes. Un accident récent chez Air Bagan (Cie gouvernementale) et la mauvaise réputation des lignes intérieures entretenue par les guides touristiques nous avaiernt inspiré quelqu' appréhension... Chez Asian Wings, l' appareil comme le personnel et le petit déjeuner dissipèrent vite toute inquiétude... Quant à Thant Zin, il se confirmait tellement prévenant, gentil et efficace qu' on commençaiit à apprécier de se faire prendre en charge avec autant de confort. Il suffisait d' accepter  de se soumettre à ses demandes  avec docilité. Pourquoi pas ?

Il est 8H30 quand nous débarquons à l' aéroport de Mandalay où nous attend notre nouveau chauffeur et son minibus tout aussi nickel que le précédent, épousseté à chaque halte avec eau à volonté et lingettes pour les pieds au retour des pagodes.

Il conduit tout aussi bien, la circulation est encore plus difficile à Mandalay (quantités de motos souvent chargées, de vélos, de camionnettes, de pick-ups, de trishaws). ! On ne peut  regretter que ses jets de Bétel crachés puissamment par la fenêtre !.

Mandalay s' étale dans une large plaine dominée par une colline qui offre un excellent point de vue...

TZ a choisi de nous immerger directement dans le quartier des artisans. Les 45 km qui séparent l' aéroport des quartiers de Mandalay nous plongent dans une ambiance bien différente de Yangon. J' ai l' impression d' entrer ce matin en Birmanie... Cette route goudronnée mais chaotique traverse une zone agricole généreuse malgé la sécheresse actuelle (sésame, tournesols, fèves,  pois...). Les villages sont animés sans agitation : marchés, commerces, transport des productions agricoles, nettoyage des rues... C' est coloré, détendu, les visages sont souriants  Ce que capte mon regard  résonne en moi sous forme d' émotions diverses qui font corps avec mes rêves ! La magie opère !...

Mandalay est un centre artisanal  réputé dans tout le Myanmar. La vie religieuse contribue largement à la vivacité de cet artisanat. C' est  dans une fabrique de bouddhas et autres statues que nous débutons notre journée.

Nous pouvons suivre ce merveilleux travail depuis le croquis jusqu' à la coulée du métal fondu. Les statues sont ensuite ciselées et affinées à la ponceuse électrique. En plein air, chaucn est à un  poste  très spécialisé. Ici commencent nos premiers achats (gongs décorés d' un petit éléphant birman emblématique).

Nous gagnons ensuite la rue des tailleurs de pierre (marbre). Dans le bruit et la poussière qui blanchit toute la végétation,  d' incroyables quantités de bouddhas taillés dans la pierre attendent le ponçage ou un acquéreur.

Le travail de ponçage est essentiellement confié aux femmes, voire aux enfants qui tous ne sont pas scolarisés. Ces tâches fastidieuses, pratiquées souvent par deux, assis par terre ou accroupis, se répètent de bouddhas en bouddhas ! Ces ateliers proposent souvent une boutique de  bijoux, éléphants blancs (au Myanmar, l' éléphant blanc est vénéré, il  symbolise la conception de Bouddha), statuettes en pierres diverses (marbre, jade, bois pétrifié, ambre..).. Nous ne résistons pas ! Le marchandage se pratique dans la bonne humeur, Claudine en est une spécialiste hors pair,  mais les prix sont dérisoires ! 

 

 

Nous délaissons momentanément l' artisanat pour la paya Mahamuni et son Boudddha assis entièrement recouvert de feuilles d' or depuis des siècles. Seuls les hommes peuvent aposer sur lui les fameuses petites feuilles de 2,5 cm2...qui, de par leur finesse adhèrent automatiquement. Les femmes sont tenues à l' écart de la statue devant laquelle elles s' agenouillent. C' est un bouddha très célèbre au Myanmar et très vénéré.  Son visage est lisse et brillant mais son corps est tout boursouflé (15 cm d' épaisseur de feuilles d' or !). C' est un lieu de pèlerinage très fréquenté par les familles. Dès 4H du  matin, les moines défilent pour polir son visage sur lequel ne s' aposent pas les feuillets d' or...

 

                                                 

     Le 12 janvier, on fête le nouvel an Kashin. Un couple en costume tradtionnel se trouve ici en même temps que nous. Dans la cour, sous un abri, on peut voir des statues khmères en bronze, pillées des siècles auparavant. Deux représentent Shiva, d' autres des guerriers. On dit que d' autres auraientt été fondues pour faire des canons dans les années 1880... Ces statues sont frottées par les Birmans  pour se débarasser des douleurs dont ils souffrent. Il suffit de frotter sur la partie correspondant aux douleurs. Ce que nous n' avons pas manqué de faire sans penser hélas aux douleurs à venir ! Dommage !

                                                                                                                                                                                      

 

 

 Un rapide passage dans un atelier de fabrication de feuilles d'or nous montre comment naissent ces petits feuillets tant prisés pour le culte de Bouddha. Chacune nécessite des centaines de coups de masse assurés par de jeunes hommes à la musculature saillante. Combien d' heures passent-ils chaque jour à marteler en cadence les petits feuillets ? Combien d' années avant de devoir renoncer quand le corps ne suit plus ?  Regarder ces hommes  épuiser leurs forces à cette fin me met mal à l' aise et je ne peux m' attarder dans ce voyeurisme...

Peut-être s' agit-il d' une vitrine artisanale et que l' essentiel de la fabrication est ailleurs, plus mécanisée... ?  Car le pays est un grand consommateur de petits feuillets ? !

  TZ a compris ce que nous aimions et nous propose un petit resto en bord de route, bruyant à souhait mais dans une ambiance purement birmane sans touristes, avant de passer à l' hôtel poser nos valises. Désormais, il  nous conseille pour le choix de nos mets, disons qu' il a pris l' habitude de décider pour nous afin de protéger notre tube digestif (et de gagner du temps...). Ca nous va bien, surtout aujourd' hui où la salade de nouilles et les beignets arrosés de thé chaud ne dépassent pas les 650 kiats (soit 65 centimes d' Euro) ! Un seul bémol, le crachoir à bétel sous chaque table !...

L' extérieur de l' hôtel (Emerald Land) est agréable, végétation exotique et piscine. Les chambres réparties sur deux niveaux, bénéficient d' une terrasse. L' intérieur est plus décevant, mal éclairé, sombre et la salle de bains manque de commodités... Vu le rythme, il est peu probable qu' on y passe beaucoup de temps durant  ces 3 jours !

Mandalay n' a pas encore livré tous ses secrets, nous prenons maintenant la direction de l' ancienne cité royale autrefois protégée par une enceinte. Les 12 portes de l' enceinte représentent les 12 signes du zodiaque. Les Britanniques chassèrent le roi Thibaw et démollirent une partie de la cité en conservant toutefois le palais royal détruit plus tard  par un incendie. C' est donc un palais entièrement reconstruit, mais sans âme, qui se visite mais qui n' abrite que des copies des objets que l' on veut donner à voir (le lit à baldaquin du roi Thibaw, 13 mannequins de membres de cabinets de l' époque en faux costumes traditionnels...).

  

 

 

De palais en monastères, nous voilà ensuite ébahies devant la beauté du monastère en teck de Shwenandaw (autrefois palais), finement sculpté, noirci par le temps, le plus beau du pays ! Il était autrefois doré mais tout a disperu. C' était à l' origine la résidence du roi Mindon dans l' enceinte royale. Après sa mort en 1878, le roi Thibaw le fit reconstruire hors les murs de la cité royale et en fit faire un monastère. L' intérieur est en bon état comme les Jataka qui relatent les vies antérieures du bouddha.                                                                                                                                                                                                              

 

Il est encore temps de "faire" une pagode avant la tombée de la nuit. TZ a tout prévu, la pagode Kuthodaw se trouve tout près. Datant du XIX ème siècle, elle contient 727 stèles de marbre sur lesquelles sont gravées l' ensemble des textes fondateurs du bouddhisme theravada  (les livres du Tripitaka). On dit que c' est  "le plus grand livre du monde" !

La lumière du jour déclinant éclaire merveilleusement ces édifices : très très beau !

 

 

 

Il est temps de demander à notre chaffeur de nous monter sur la colline de Mandalay pour le coucher du soleil. C' est un vrai marathon mais l' itinéraire est varié !! 

 

On domine toute la plaine et on distingue encore quelques édifices. Le soleil se couche vers 18 H, ce qui nous laisse le temps de redescendre au monastère pour la prière du soir des moines à 19 H. Lorsque le gong retentit, le regroupement se fait et en file organisée, après avoir déposé ses tongs avec le plus grand soin et à la place qui lui est impartie, chacun entre dans la salle de prières. Le regard des  touristes est autorisé, même les photos (malheureusement floues pendant la marche des moines).

 

 

Nul ne pourra reprocher à TZ que l' on aurait pu faire plus !!!... Un record !

Après une telle journée et sans repères dans cette grande ville, nous dînons au restaurant le plus proche, au "dining room" de l' Hôtel. L' accueil est sympathique, les plats peu originaux, nous ne sortons pas des "noddles soups" et du riz comme la plupart des Français de la salle..

. Après la mise en place de tous les dispositifs anti moustiques, le sommeil peut jouer son rôle réparateur !

Notre découverte de Mandalay ne s' arrêtera pas là puisque demain TZ nous emmènera au marché du jade avant de nous faire découvrir les environs de Mandalay.

 Le marché du jade est un marché de professionnels où se négocie l' achat des plus belles pierres. Des centaines de motos rutilantes et flambant neuves sont alignées sur le parking réservé au marché. Quelques bijouteries  modernes et fermées, pour la plupart chinoises, bordent la rue conduisant à l' entrée. Le marché est immense, les allées étroites et contrairement à ce que j' ai pu lire, l' accueil y est sympathique. Notre curiosité a pu être satisfaite partout ! Dans les stands spécialisés dans le polissage, les jeunes gens qui pédalent pour actionner les meules sont fiers de montrer leur travail, ceux qui proposent les pierres brutes nous les montrent volontiers et TZ nous transmet les réponses à nos questions. J' achète un échantillon pour Léo, il est vert foncé et poli sur une face. La couleur n' est pas un critère de qualité, le jade se décline du blanc au vert foncé en passant par des verts gris plus ou moins laiteux. C' est la pureté de la pierre qui fait sa valeur. Les courtiers en bijouterie cherchent la "perle rare" avec une lampe spéciale avant de rejeter l' échantillon ou de conclure. Certains munis de beaux specimens polis sur place, vêtus de beaux blousons de cuir, n' hésitent pas à la demande de TZ, d' ouvrir le petit morceau de papier journal où sont placées leurs merveilles, le regard toujours vigilant, non sur nous observateurs éblouis, mais sur l' environnement.  On trouve aussi de nombreux stands de pierres de moindre qualité toutes utlisées pour des bijoux accessibles aux touristes. On fait quelques achats et on reçoit aussi quelques "cadeaux" mais, nous n' avons pas, hélas, de quoi remercier nos donatrices qui attendent de nous quelques échantillons de parfum français, du mascara ou du rouge à lèvres. Ce moment passé au marché est riche d' enseignements, une belle expérience ! Il y a un monde fou ! Sur de grands cartons faisant office d' ardoise, sont notés à l' entrée les objets trouvés et les propriétaires peuvent aller les récupérer. Hallucinant ! Des hauts-parleurs égrènent des paroles monocordes qui semblent des prières. Ce sont en fait les noms des donateurs qui permettent l' entretien des routes et allées nécessaires au marché !!! Ici, tout est à la charge du peuple, l' Etat n' est pas engagé dans l' entretien des voies de circulation !   

   

 

 

 Nous ne quitterons pas Mandalay sans passer au monastère Kyaung Shwe In Bin, magnifique monastère en teck de 1895. La partie centrale est construite sur pilotis. les corniches et les balustrades sont ornées de fins motifs.

Il est absolument superbe ! A l' intérieur, on a pu voir des écrits en pali sur des dépliants de  feuilles de palmier. 

 

   

Notre journée se poursuit dans les environs de Mandalay, à Mingun.